L’ actualité Invest du Vaucluse
2e Assises du Foncier Économique en Vaucluse : au service de l’industrie ​

Publié le 26 juin 2025

La 2e édition des Assises du Foncier Économique en Vaucluse s’est tenue 19 juin au Campus de la CCI à Avignon autour de la question comment mobiliser efficacement le foncier au service de l’industrie ? Coorganisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Vaucluse (CCI), Vaucluse Provence Attractivité (VPA) et l’Agence d’Urbanisme Rhône Avignon Vaucluse (AURAV), elle a réuni une diversité d’acteurs venus croiser les expertises, confronter les diagnostics et faire émerger des leviers d’action adaptés aux contraintes du territoire.

Dans la continuité de 2022

Dans la continuité des Assises du foncier sur la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN), cette édition a franchi un cap en abordant la question de la place de l’industrie dans une offre foncière en mutation dictée par l’objectif d’une consommation nette zéro d’ici 2050.
Quelle stratégie les territoires vauclusiens peuvent-ils adopter dès à présent pour concilier « développement économique » et « réindustrialisation » ?
Une équation complexe, entre raréfaction et renchérissement du foncier, recul des permis de construire, mais aussi potentiel local avec quatre EPCI labellisés Territoires d’industrie et des filières d’excellence en agroalimentaire et greentech.

Face à ces enjeux, Pierre Gonzalvez, Président de Vaucluse Provence Attractivité, Christian Gros, Maire de Monteux et Président de l’AURAV, et Gilbert Marcelli, Président de la CCI de Vaucluse, ont ouvert la rencontre en réaffirmant la nécessité de fédérer les acteurs publics et privés autour d’une ambition commune :
mieux planifier et valoriser le foncier pour accompagner les dynamiques économiques à l’horizon 2030.

Pierre Gonzalvez, Christian Gros,Gilbert Marcelli
VPA aux Assises du Foncier 2025

Situation et perspectives

Où en est le Vaucluse ? Un état des lieux a été dressé par VPA, la CCI et l’AURAV.
Pour ouvrir ce tour d’horizon, Cathy Fermanian et Stéphanie Holmiere (VPA) ont rappelé les fleurons industriels accompagnés par VPA (newcleo, LGM, Green Spot Technologies, Fénix évolution) et présenté les besoins en foncier économique et industriel recensés par l’agence dans le cadre de ses missions d’implantation et de prospection menées avec les territoires.

Le message est clair : l’attractivité foncière du département est bien réelle et joue un rôle clé tant pour accompagner la croissance des entreprises déjà implantées que pour accueillir de nouveaux projets.

Quelques chiffres clés :
86 % des primo-implantations portent sur du bâti existant. Les entreprises cherchent de la souplesse, préférant souvent tester leur activité via un bureau avant de s’engager davantage.
Parmi les 73 projets accompagnés par VPA entre 2021 et 2024, 45 % relèvent de l’industrie, dont un tiers en agroalimentaire, un secteur phare porté par un écosystème structuré (formation, recherche, sites d’accueil (MIN, pépinières…).
40 % des implantations concernent l’offre publique, prisée pour sa souplesse contractuelle et ses solutions clés en main.

du foncier économique en Vaucluse

La CCI a rappelé que la labellisation Territoires d’industrie de 4 EPCI constitue un moyen fort, tout en alertant sur l’impact des évolutions de l’emploi sur la demande foncière à l’horizon 2030. Formation et recrutement restent au cœur des défis.

Qu’en est-il à l’étranger ? L’AURAV a comparé les approches des zones d’activités économiques en Espagne, Belgique et Italie, soulignant l’intérêt d’une conception foncière optimisée dès l’amont. Mutualisation, étagement, utilisation systématique des toitures pour le photovoltaïque… sont autant de leviers à activer. Dès lors, apparaît la priorité de dégager du foncier de l’existant, réinvestir, optimiser les usages et le bâti.

Pour Gilles Perilhou, il s’agit de rendre le foncier brut mobilisable en usant des bonnes politiques foncières, et de faire différemment avec les outils réglementaires et fonciers. Le but ? Trouver la meilleure optimisation du foncier en extension, puisque bonne nouvelle, le Vaucluse a encore des marges de manœuvre. Et de préciser que cela demande des gouvernances inédites entre les acteurs, porteurs de projets (EPCI), entreprises et développeurs.

L’enjeu n’est plus d’observer : il s’agit d’arbitrer, de planifier et d’oser agir.

CCI et AURAV aux Assises du foncier 2025
Assises Foncier - Région - Alain Hocquel

Comment produire du foncier ?

Face à la raréfaction des sols et à la pression foncière

Croisant visions stratégiques et retours du terrain, 2 tables rondes ont évoqué des solutions pour libérer efficacement du foncier économique.

Penser le foncier autrement
La première table ronde, centrée sur la planification, a réuni Olivier Baudy (Région Sud), Pascale Bories (Présidente du SCoT du Bassin de Vie d’Avignon et maire de Villeneuve-les-Avignon) et Arnaud Ernst (AID Observatoire). Tous s’accordent : seule une gouvernance décloisonnée, pensée à l’échelle des bassins de vie, permettra d’anticiper les besoins, sécuriser les réserves et inscrire les ambitions économiques dans les documents stratégiques.

Dans les signaux forts : la révision du SRADDET en septembre intégrera la localisation préférentielle des projets industriels. Le SCOT du bassin avignonnais (issu de 2 SCOTS interrégionaux) a déjà été ajusté pour tenir compte de la loi ZAN.

Des outils pour identifier les potentiels
Parmi les pistes évoquées : le panorama foncier régional, l’Observatoire Sud Foncier, les cartes des friches, les appels à manifestation d’intérêt pour requalifier les zones commerciales ou l’articulation avec le référentiel national du PSO.

Des zones commerciales réinventées
Pour Arnaud Ernst, les zones commerciales doivent évoluer vers des espaces de vie : « Beaucoup seraient prêts à y habiter, à condition d’y trouver des services. » Sa méthode a 4 piliers : impliquer tous les acteurs, travailler avec les commerçants, générer de la valeur partagée et porter le projet dans le temps via un acteur public moteur.

Table_ronde1_assises du foncier 2025 - Alain Hocquel
Table ronde N)2 des assises foncier 2025 @alain Hocquel

Fabriquer du foncier : entre volontarisme et réalisme

Placée sous le signe du pragmatisme, la 2e table ronde s’intitulait : «Fabriquer du foncier, c’est possible». Une conviction partagée par les intervenants : Claude Bertolino (Directrice générale de l’EPF PACA), Perrine Chuker (Banque des Territoires), Roland Paul (PDG de GSE et Président du MEDEF Vaucluse), Laurence Despatis (Responsable aménagement à la communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles) et Patrick Le Gall (Directeur aménagement du Grand Avignon).

Produire du foncier ne signifie pas forcément consommer de nouveaux espaces naturels. Requalification de friches, densification intelligente, mobilisation des « dents creuses », ingénierie partenariale entre acteurs publics et privés… autant de solutions concrètes pour changer le regard sur la ressource foncière.

Un panel d’outils déjà mobilisables
Claude Bertolino a rappelé l’existence de dispositifs opérationnels déjà actifs dans le Vaucluse : le fonds friches de l’État (30 M€/an), le fonds vert, ou encore le fonds recyclage foncier de l’EPF PACA.

Autre levier évoqué : les conventions d’intervention, comme celle engagée à Gargas pour requalifier une friche industrielle tout en conservant la maîtrise foncière publique du site. Sur ce point, Laurence Despatis est catégorique : «Quand on vend, on perd la maîtrise du site. Le bail à construction sur 40 ans permet de sécuriser la vocation économique à long terme. »

Une ressource à réinterpréter
Pour Roland Paul, acteur clé de l’immobilier d’entreprise, le foncier existe encore, à condition de savoir le regarder autrement. Multi-niveaux, optimisation des espaces, mutualisation des parkings, localisation stratégique : «Il faut intégrer une bonne dose de créativité et penser projet avec les spécificités de chaque territoire. »

Une question de méthode autant que de moyens

Ces échanges, à l’interface entre stratégies régionales et dynamiques locales, ont fait émerger une conviction forte : fabriquer du foncier, aujourd’hui, c’est surtout fabriquer de l’intelligence collective.

Une conclusion partagée par Sabine Roussely, Secrétaire générale de la préfecture de Vaucluse, qui a salué la richesse des interventions tout en réaffirmant la priorité du Préfet : accélérer le recyclage foncier pour le logement et le réaménagement des zones d’activité, avec une enveloppe dédiée de 26 millions d’euros.

Sabine Roussely - @alain hocquel